La prévalence de l’endométriose chez les adolescentes basée sur des diagnostics IRM

Article scientifique – Dr Anne-Elodie Millischer – 22/07/2023

L’endométriose: qu’est-ce que c’est ?

L’endométriose est une affection gynécologique qui se caractérise par la présence anormale de tissu semblable à la muqueuse utérine en dehors de l’utérus. Cette condition peut entraîner une variété de symptômes, tels que des douleurs pelviennes chroniques, des règles douloureuses et des problèmes de fertilité. Bien que l’endométriose soit souvent associée aux femmes adultes, des études récentes ont montré qu’elle peut également toucher les adolescentes.

L’endométriose touche environ 6 à 10 % des femmes en âge de procréer et entraîne des douleurs pelviennes et des problèmes de fertilité, ce qui a un impact significatif sur la qualité de vie. De nombreuses découvertes soutiennent la théorie de la régurgitation de Sampson comme mécanisme causal clé de la pathogenèse de l’endométriose, expliquant pourquoi la maladie peut débuter pendant l’adolescence lors de l’exposition aux menstruations.

Quelques notions en plus

La théorie de la régurgitation de Sampson est une explication proposée pour expliquer le développement de l’endométriose. Selon cette théorie, des fragments de tissu endométrial provenant de l’utérus sont expulsés dans la cavité pelvienne pendant les menstruations. Ces fragments peuvent alors s’implanter et se développer dans d’autres parties du pelvis, provoquant ainsi la formation de lésions endométriosiques en dehors de l’utérus.

La théorie de la régurgitation de Sampson suggère que ces fragments de tissu endométrial, au lieu de s’écouler normalement hors du corps, peuvent remonter dans les trompes de Fallope et se propager dans la cavité pelvienne. Une fois dans la cavité pelvienne, ces cellules peuvent se fixer sur les organes tels que les ovaires, les trompes de Fallope, le péritoine et d’autres tissus environnants, formant ainsi des lésions endométriosiques.

Cette théorie met en évidence le fait que l’endométriose peut commencer dès l’adolescence, lorsque les menstruations débutent et que des fragments de tissu endométrial peuvent être expulsés dans la cavité pelvienne. Cela expliquerait pourquoi certains adolescents développent des symptômes d’endométriose dès le début de leursrègles.

 

L’éndométriose: un diagnostic en retard, pourquoi ?

Le retard de diagnostic de l’endométriose, qui peut varier de 4 à 11 ans, est un problème majeur, avec 65 % des femmes initialement mal diagnostiquées. Ce délai peut être trois fois plus long pour les femmes dont les symptômes ont commencé pendant l’adolescence. Une des raisons de ce retard de diagnostic est que la laparoscopie et la biopsie ont longtemps été considérées comme les tests de référence pour l’endométriose. Cependant, nous assistons à un changement de paradigme qui appelle à un diagnostic moderne non invasif de l’endométriose, basé sur une combinaison d’entretiens avec la patiente, d’un examen clinique et d’imagerie, tels que l’échographie transvaginale et l’imagerie par résonance magnétique (IRM).

L’éndométriose: quels symptômes marqueurs à l’adolescence ?

Les marqueurs de l’endométriose chez les adolescentes comprennent des antécédents familiaux de la maladie, des douleurs menstruelles primaires sévères, l’absentéisme scolaire pendant les règles, des douleurs menstruelles résistantes aux anti-inflammatoires non stéroïdiens et la prescription de contraceptifs oraux en cas de dysménorrhée sévère. Si une endométriose est suspectée, il est désormais bien reconnu que l’échographie transvaginale et l’IRM sont adaptées non seulement pour diagnostiquer l’endométriome ovarien et l’endométriose infiltrante profonde, mais aussi pour évaluer l’adénomyose.

Étant donné que l’échographie transvaginale n’est pas toujours envisageable chez les adolescentes qui ne sont pas encore sexuellement actives, une étude récente visait à évaluer l’efficacité de l’IRM dans le diagnostic de l’endométriose (endométriome ovarien et/ou l’endométriose infiltrante profonde) chez les adolescentes souffrant de dysménorrhée sévère. Les résultats de l’étude ont démontré que l’IRM est une méthode fiable pour détecter l’endométriose chez les adolescentes, offrant ainsi une alternative précieuse lorsque l’échographie transvaginale n’est pas réalisable.

La dysménorrhée: qu’est-ce que c’est ?

La dysménorrhée est un terme médical utilisé pour décrire des douleurs menstruelles intenses et souvent douloureuses. C’est un symptôme fréquent chez les femmes en âge de procréer et cela peut avoir un impact significatif sur leur qualité de vie pendant les règles.

La dysménorrhée primaire est le terme utilisé lorsque les douleurs menstruelles ne sont pas causées par une condition sous-jacente. Elle est généralement causée par des contractions excessives de l’utérus, qui peuvent entraîner des crampes pelviennes intenses et douloureuses. Les symptômes de la dysménorrhée primaire peuvent inclure des douleurs dans le bas-ventre, le bas du dos et les cuisses, ainsi que des nausées, des vomissements, des maux de tête et une fatigue accrue.

La dysménorrhée secondaire, en revanche, est associée à une condition médicale sous-jacente telle que l’endométriose, les fibromes utérins, les infections pelviennes ou les troubles de la structure de l’utérus. Les douleurs peuvent être plus sévères et peuvent s’accompagner d’autres symptômes spécifiques à la condition sous-jacente.

La dysménorrhée peut être diagnostiquée par un médecin à partir des symptômes rapportés par la patiente, de son historique médical et de l’examen clinique. Dans certains cas, des examens complémentaires tels qu’une échographie ou une IRM peuvent être recommandés pour évaluer les causes potentielles de la douleur.

Etude scientifique sur la prévalence de l’endométriose chez les adolescentes 

Une étude récente s’est penchée sur la prévalence de l’endométriose chez les adolescentes à l’aide de l’imagerie par résonance magnétique (IRM). Les chercheurs ont recueilli des données auprès de jeunes filles âgées de 12 à 18 ans présentant des symptômes suspects d’endométriose. Les résultats ont révélé que la prévalence de l’endométriose augmentait avec l’âge chez ces adolescentes.

L’IRM, une technique d’imagerie non invasive et précise, a été utilisée pour visualiser les lésions endométriosiques dans la région pelvienne des adolescentes étudiées. Les images obtenues grâce à l’IRM ont permis de détecter la présence de tissu endométrial anormal en dehors de l’utérus, confirmant ainsi le diagnostic d’endométriose.

La prévalence de l’endométriose chez les adolescentes: quels résultats ?

Les résultats de cette étude soulignent l’importance de prendre en compte l’endométriose chez les adolescentes présentant des symptômes gynécologiques. En identifiant et en diagnostiquant cette condition dès que possible, il est possible de fournir un traitement adéquat et de prévenir les complications à long terme. Les adolescentes atteintes d’endométriose peuvent bénéficier d’une prise en charge médicale précoce afin de soulager leurs symptômes et d’améliorer leur qualité de vie.

Il est essentiel de sensibiliser les professionnels de la santé et le grand public à l’endométriose chez les adolescentes. Les médecins doivent être conscients que l’endométriose peut survenir dès l’adolescence et envisager cette possibilité lorsqu’une adolescente présente des symptômes tels que des douleurs pelviennes intenses ou des cycles menstruels anormaux. Une reconnaissance précoce de la maladie peut permettre une intervention médicale rapide et appropriée, évitant ainsi des retards dans le diagnostic et les traitements inappropriés.

Conclusion

En conclusion, cette étude démontre que l’endométriose peut également toucher les adolescentes et que sa prévalence augmente avec l’âge. L’utilisation de l’IRM comme outil de diagnostic peut contribuer à une détection précoce de cette affection chez les adolescentes présentant des symptômes suspects. Il est essentiel de sensibiliser les professionnels de la santé et le grand public à l’endométriose chez les adolescentes, afin de garantir un diagnostic et un traitement précoces, améliorant ainsi la qualité de vie des jeunes filles affectées par cette maladie.

Sources : https://www.fertstert.org/article/S0015-0282(23)00526-5/fulltext#back-bib2

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